Comment l'expatriation impacte-t-elle la santé mentale des hommes ?

psyhothérapeute en ligne pour expatrié

S’expatrier rend-il vraiment plus heureux (ou juste plus philosophe) ?

 

S’expatrier, c’est un peu comme se lancer dans un marathon sans entraînement : au début, c’est grisant, puis ça pique un peu, et à la fin, on en sort changé… ou essoufflé.

 

Loin des clichés du français râleur qui s’exporte pour « fuir le système », l’expatriation masculine est une aventure qui bouleverse bien plus que la carte d’identité : elle chamboule le mental, l’identité, et parfois même la perception de soi. Mais au final, est-ce une bénédiction pour le cerveau ou un cocktail à risque pour l’équilibre psychologique ?

 

Installez-vous confortablement (avec ou sans verre de vin), et explorons ensemble ce que la science dit sur la question.

 


 

Pourquoi les hommes français s’expatrient-ils (et non, ce n’est pas juste pour le climat)

 

Carrière, quête de sens ou fuite en avant ?

Les hommes français qui quittent l’Hexagone le font souvent pour des raisons professionnelles : une belle opportunité, une promotion, un contrat juteux à l’international (Doherty, Dickmann, & Mills, 2011). Certains, plus aventuriers, rêvent de nouvelles expériences, tandis que d’autres cherchent un environnement plus « respirable » loin du stress urbain ou du climat social français.

 

Mais il existe aussi une autre catégorie d’expatriés : ceux qui partent pour (tenter de) se réinventer. Un divorce difficile ? Une lassitude existentielle ? Une envie de redémarrer ailleurs ? Pour beaucoup, l’expatriation est une sorte de reset mental… avec des résultats plus ou moins réussis.

 


 

L’expatriation est-elle un remède miracle contre le stress ?

 

Changer d’air, ça fait du bien… mais pas toujours

Sur le papier, vivre sous des latitudes exotiques a de quoi détendre. Moins de métro-boulot-dodo, un cadre plus agréable, un mode de vie potentiellement plus sain… Mais la réalité est plus nuancée.

 

Les premiers mois d’expatriation sont souvent euphoriques : tout est nouveau, excitant, plein de promesses (Berry, 2017). Mais une fois la phase de lune de miel passée, des difficultés peuvent émerger : choc culturel, isolement, surcharge de travail, perte de repères… Pour certains, l’expatriation devient alors une source de stress plutôt qu’un remède.

 

La confiance en soi boostée… ou mise à rude épreuve ?

S’installer dans un pays étranger, c’est un défi quotidien : comprendre un nouvel environnement, gérer l’administratif dans une langue inconnue, s’intégrer socialement… Autant d’épreuves qui, une fois surmontées, peuvent considérablement renforcer la confiance en soi (Shaffer et al., 2012).

 

Mais l’effet inverse peut aussi se produire : certains expatriés se sentent perdus, incompétents ou dépassés, ce qui peut engendrer un profond malaise. Dans des cultures très compétitives, il est courant que les expatriés masculins ressentent une pression accrue pour prouver leur valeur (Harvey & Moeller, 2009).

 


 

Les pièges de l’expatriation : tout n’est pas rose sous les tropiques

 

L’isolement social : un risque sous-estimé

Partir loin, c’est aussi laisser derrière soi un réseau de soutien : amis, famille, collègues. Si certains compensent en se créant une nouvelle communauté sur place, d’autres peinent à nouer des liens significatifs (Selmer & Lauring, 2020).

 

Ce phénomène touche particulièrement les hommes, qui ont parfois plus de difficultés à verbaliser leur mal-être et à chercher du soutien. Une étude montre que les hommes expatriés sont plus enclins à minimiser leurs difficultés psychologiques, ce qui peut mener à une détresse émotionnelle silencieuse (Mohr & Klein, 2017).

 

L’impact sur la vie de couple (et la solitude des célibataires)

Si l’expatriation peut être une aventure de couple enrichissante, elle peut aussi être un facteur de stress. Les ajustements culturels, les nouveaux rythmes de vie et la distance avec la famille élargie créent parfois des tensions. Résultat : un taux de séparation plus élevé chez les expatriés que chez ceux restés en France (Haslberger, Hippler, & Brewster, 2014).

 

Pour les célibataires, la donne est différente : entre relations éphémères et différences culturelles, construire un lien stable peut devenir un vrai casse-tête. Certains finissent par ressentir un profond isolement affectif.

 

Le syndrome de l’imposteur en terre étrangère

Imaginez débarquer dans un environnement où l’on attend de vous que vous soyez immédiatement performant… alors que vous ne maîtrisez pas encore tous les codes. Bienvenue dans le quotidien de nombreux expatriés !

 

Le sentiment d’imposture est particulièrement fréquent chez ceux qui s’installent dans des cultures très exigeantes (comme les États-Unis ou le Japon), où la pression sociale et professionnelle est intense (Harzing & Christensen, 2004).

 


 

Alors, faut-il partir ou rester ?

 

La clé : savoir pourquoi on part

L’expatriation peut être une expérience incroyablement enrichissante… à condition de ne pas la voir comme une fuite. Ceux qui s’expatrient avec des attentes irréalistes ou mal préparées risquent de souffrir davantage du stress et de l’isolement (Haslberger et al., 2014).

 

Les stratégies pour une expatriation réussie

  • Se créer un réseau solide : Amitiés, clubs, associations… tout est bon pour éviter l’isolement.
  • Prendre soin de sa santé mentale : Ne pas hésiter à consulter un professionnel si le moral flanche.
  • S’intégrer sans s’oublier : Accepter la culture locale tout en gardant ses propres repères.
  • Accepter l’imperfection : Tout ne sera pas toujours rose, et c’est normal.

 


 

Une aventure qui transforme… mais qui demande préparation

 

L’expatriation est une expérience qui peut considérablement enrichir la vie d’un homme… ou la compliquer, selon son état d’esprit et sa capacité à gérer les défis. Ce qui est sûr, c’est qu’elle force à sortir de sa zone de confort, à se redéfinir et, parfois, à affronter des réalités inattendues.

 

Alors, partir ou ne pas partir ? La réponse dépend de vous. Mais où que vous soyez, souvenez-vous que la vraie aventure, c’est aussi d’apprendre à prendre soin de votre équilibre mental, que ce soit à Paris, à Tokyo ou à Buenos Aires, au besoin n'hésitez pas à consulter un professionnel de santé mentale. 🌍

 

Bon voyage mental et bon courage si vous faites vos valises ! 🚀

 


 

Références

 

Berry, J. W. (2017). Acculturation: A conceptual overview. In S. J. Schwartz & J. B. Unger (Eds.), The Oxford Handbook of Acculturation and Health (pp. 13-30). Oxford University Press.

Doherty, N., Dickmann, M., & Mills, T. (2011). Exploring the motives of self-initiated expatriates. International Journal of Human Resource Management, 22(3), 595-611.

Harvey, M., & Moeller, M. (2009). Expatriate stress: The role of reality vs. expectations. Journal of Global Mobility, 17(1), 15-32.

Haslberger, A., Hippler, T., & Brewster, C. (2014). Managing talent in global assignments. Palgrave Macmillan.

Mohr, A. T., & Klein, S. (2017). Adjusting to a new life: Expatriates and social integration. Cross-Cultural Management, 24(4), 567-589.