
Faux-self chez l'adulte : comprendre, reconnaitre & évoluer
Pourquoi parler du faux-self aujourd’hui ?
De plus en plus d’adultes actifs, performants, sensibles et engagés ressentent un écart douloureux entre ce qu’ils montrent au monde et ce qu’ils vivent intérieurement. Ce sentiment d’incongruence peut être le signe d’un faux-self, un concept psychologique élaboré par le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott (1960), et toujours d’actualité dans la compréhension du mal-être contemporain.
Dans cet article, nous allons explorer ce qu’est le faux-self chez l’adulte, pourquoi il se met en place, comment il peut impacter la vie affective et professionnelle, et surtout : comment retrouver l’accès à un vrai-self, aligné, apaisé et libre. Une réflexion nourrie par des sources scientifiques (Winnicott, 2002 ; Zucker, 2012) et par le témoignage d’une entrepreneuse dont le vécu illustre les tensions intérieures que provoque ce clivage psychique.
Qu’est-ce que le faux-self et pourquoi se forme-t-il ?
“Le faux-self fait interface entre le vrai self et les exigences de l’environnement” - Winnicott, 2002, p. 147.
Le faux-self est une structure psychique qui s’élabore très tôt dans la vie, en réponse à des environnements perçus comme intrusifs ou insécures. Winnicott (2002) parle d’un “faux moi” qui se
construit pour répondre aux attentes de l’entourage, au détriment du vrai-soi spontané.
Chez l’adulte, le faux-self peut continuer de fonctionner comme un “masque social”, une protection contre le rejet, un mode de conformité intégré. Il est souvent invisible, car il peut être hautement fonctionnel : prise de responsabilités, sourire impeccable, maîtrise émotionnelle, succès professionnel. Pourtant, en dessous, se joue parfois une véritable érosion du sentiment d’être soi.
Comment reconnaître un fonctionnement en faux-self dans sa vie d’adulte ?
Voici le témoignage d’une patiente en thérapie, dirigeante d’entreprise :
“Sans que je comprenne pourquoi, quand je suis en couple, j’ai tendance à m’effacer et à me replier pour devenir cette petite chose peureuse et fragile. Cela impacte jusqu’à mes comportements professionnels, car je prévois des sorties auxquelles je ne vais pas pour rester à la maison auprès de mon compagnon, alors que quand je suis célibataire j’arrive très bien à sortir me confronter au monde et j’en suis même friande.”
Ce récit met en lumière un mécanisme de bascule : selon le contexte affectif, la personne active des versions très différentes d’elle-même. Cette oscillation est typique d’un conflit entre vrai-self et faux-self.
Zucker (2012) note que “le faux-self s’impose quand les conditions de développement du self authentique sont insécurisantes ou imprévisibles” (p. 50). Dans les relations amoureuses, certaines personnes reproduisent des rôles de soumission, de retrait ou de contrôle, issus d’anciens conditionnements familiaux. Cela peut conduire à un repli identitaire et émotionnel, y compris dans les autres sphères de vie.
Faux-self et carrière : quand le masque devient une prison
“Le sujet construit une personnalité adaptée au monde extérieur, au prix d’une perte de contact avec ses émotions propres et son ressenti” (Zucker, 2012, p. 52).
Le faux-self est parfois socialement valorisé : performance, adaptabilité, résilience apparente. Mais il peut aussi engendrer sabotage, épuisement, auto-censure. Dans notre exemple, la patiente limite ses engagements professionnels pour se conformer à une posture affective intériorisée : discrétion, disponibilité, retrait.
Ce clivage peut devenir coûteux à long terme : fatigue chronique, anxiété, perte de désir, sentiment de vide ou d’imposture. Le faux-self n’est pas seulement une stratégie de survie — c’est aussi un enfermement qui finit par asphyxier le vrai-soi.
Retrouver l’alignement : comment passer du faux-self au vrai-self ?
Sortir du faux-self ne signifie pas “tout lâcher” ou devenir radicalement différent. Il s’agit plutôt de réintégrer progressivement son ressenti, ses désirs, ses besoins, ses limites. Cela passe souvent par un travail thérapeutique, mais aussi par une rééducation émotionnelle et relationnelle : apprendre à dire non, à décevoir parfois, à se faire passer en premier.
Les espaces où l’on se sent libre, curieux, joyeux, sont des indices précieux de la présence du vrai-self. Il s’exprime dans les gestes spontanés, la créativité, le plaisir, le repos, la connexion sincère à l’autre. Comme l’écrit Winnicott, “le vrai-self est la source du geste authentique, de l’élan vital” (2002, p. 149).
Vivre à partir de soi, et non contre soi
Le faux-self est un mécanisme ancien, souvent nécessaire, parfois utile. Mais lorsqu’il devient chronique, il génère une fatigue de l’âme. S’en libérer demande du courage, de la patience et un engagement envers soi-même. C’est un chemin exigeant, mais profondément libérateur.
Identifier les moments où l’on “se joue” soi-même est la première étape. Ensuite vient le choix : persister dans l’adaptation, ou explorer une voie plus authentique. Comme le résume brillamment un auteur anonyme dans la revue Empan (2010) : “Retrouver son vrai self, c’est retrouver la tonalité intime de sa propre existence.”
Références
Anonyme. (2010). Le vrai self, une épure de l’intime ? Empan, 77(1), 40–45.
Winnicott, D. W. (2002). Pour introduire le concept de faux self (M. Julien, Trad.). In B. Brusset (Dir.), La clinique analytique de Winnicott (pp. 143–151). ESF. (Travail original publié en 1960)
Winnicott, D. W. (2012). Le vrai self et le faux self. In J. Sutter (Dir.), Penser la crise (pp. 19–29). De Boeck Supérieur.
Zucker, D. (2012). Le faux self à l’âge adulte : entre stratégie et souffrance. In J. Sutter (Dir.), Penser la crise (pp. 47–55). De Boeck Supérieur.
Cahiers de Gestalt-thérapie. (2015). L’identité : une construction relationnelle. Cahiers de Gestalt-thérapie, 45(2), 23–33.
FAQ – Faux-self chez l’adulte
Qu’est-ce que le faux-self chez l’adulte ?
Le faux-self est une construction psychique élaborée pour répondre aux attentes de l’entourage, souvent dès l’enfance. Chez l’adulte, il se manifeste par une adaptation excessive au détriment de l’authenticité : on sourit, on performe, on s’ajuste… mais en se coupant de ses vrais désirs et émotions. Ce fonctionnement peut devenir chronique et engendrer stress, anxiété, fatigue émotionnelle, voire une crise identitaire.
Quels sont les signes que je fonctionne en faux-self ?
Voici quelques signaux d’alerte fréquents :
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Sentiment de porter un masque ou de « jouer un rôle »
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Dissonance entre ce que je montre et ce que je ressens
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Fatigue inexpliquée, épuisement émotionnel
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Difficulté à dire non ou à poser des limites
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Besoin d’approbation constant, peur du rejet
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Plaisir absent ou rare dans la vie quotidienne
Pourquoi suis-je différent·e quand je suis en couple ?
Certaines personnes, surtout avec un attachement insécure ou un passé familial conflictuel, adoptent inconsciemment un rôle effacé ou dépendant dans la relation amoureuse. Le faux-self se manifeste ici pour « maintenir le lien » à tout prix. Cela peut conduire à sacrifier ses besoins personnels, voire à se saboter professionnellement.
Exemple réel : « Quand je suis en couple, je deviens invisible. Célibataire, je rayonne. »
Réponse : Ce clivage peut indiquer un conflit entre le besoin d’amour et la peur d’être soi-même.
Est-ce que le faux-self est forcément négatif ?
Non. Le faux-self a une fonction protectrice et adaptative, surtout dans l’enfance. Il peut permettre de s’intégrer, de réussir, de survivre dans un environnement exigeant. Mais à l’âge adulte, s’il devient rigide, il peut étouffer le vrai-soi et créer un mal-être durable.
Peut-on vivre sans faux-self du tout ?
Il n’est ni possible ni souhaitable de vivre sans aucun faux-self. Ce qui est essentiel, c’est de ne pas s’y enfermer. L’enjeu est de retrouver une souplesse psychique : pouvoir s’adapter, tout en restant aligné avec ses valeurs, ses émotions et ses besoins.
Comment sortir du faux-self et retrouver son vrai-self ?
Voici quelques pistes :
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Identifier les contextes où vous vous sentez “faux” ou coupé·e de vous-même
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Explorer vos besoins profonds : solitude, créativité, autonomie ?
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Accepter l’inconfort de poser des limites ou de déplaire
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Se faire accompagner (psychothérapie, coaching existentiel)
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Cultiver des espaces de liberté intérieure (écriture, art, silence)
Le vrai-self, selon Winnicott, est « la source du geste authentique, de l’élan vital » — il mérite d’être réinvesti avec douceur et lucidité.
Est-ce que réussir professionnellement en faux-self est un problème ?
Pas nécessairement, à court terme. Mais une réussite bâtie uniquement sur des attentes extérieures (performance, image, conformité) peut devenir source de vide existentiel. De nombreux dirigeants, artistes ou professionnels en reconversion témoignent d’un besoin pressant de réconcilier sens, émotion et action.
Un faux-self peut-il m’empêcher de réaliser mon potentiel ?
Oui, un fonctionnement en faux-self chronique peut entraver l’expression de votre véritable potentiel personnel et professionnel. En cherchant constamment à répondre aux attentes extérieures, vous risquez de passer à côté de vos élans créatifs, de vos désirs profonds ou de vos zones d’excellence naturelles.
Beaucoup de personnes très compétentes finissent par se brider elles-mêmes, par peur de sortir du cadre, de décevoir ou de “trop” briller. Cela peut mener à une forme d’auto-sabotage ou à une réussite qui sonne creux, car elle n’est pas alignée avec l’essence de qui elles sont.
“Ce n’est pas tant que je ne sais pas quoi faire, c’est que je n’ose pas être celle que je suis vraiment.” – (témoignage souvent entendu en thérapie)
Travailler sur son vrai-self permet de retrouver l’élan, l’audace et la cohérence nécessaires pour réaliser un potentiel durable — en cohérence avec soi-même, et non en opposition à ses besoins intimes.
Et si vous vous donniez enfin la permission d’être pleinement vous-même ?
Si vous vous reconnaissez dans les mécanismes du faux-self — cette sensation d’être « à côté » de votre vie, de devoir jouer un rôle ou d’étouffer vos élans profonds — il est peut-être temps d’entamer un travail thérapeutique en profondeur.
La psychothérapie à Versailles et à Auxerre offre un espace confidentiel et soutenant pour :
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Explorer votre histoire sans jugement
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Comprendre vos mécanismes d’adaptation
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Retrouver un rapport plus authentique à vous-même et aux autres
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Réconcilier votre vie intérieure avec vos choix extérieurs
Prendre rendez-vous, c’est poser un acte d’alignement. C’est décider de vous remettre au centre, avec clarté et sérénité.
Prenez rendez-vous dès aujourd’hui pour un premier entretien à Versailles ou à Auxerre.
Un temps pour vous. Pour respirer. Pour exister autrement.
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